Aux premiers rayons du soleil, je tombe nez à nez avec un chevreuil. À ma vue, il bondit dans les bois jusqu’à disparaître. Comment mieux démarrer la journée ? Je marche à la lueur des rayons qui me réchauffent. Et là, ce n’est plus un mais quatre chevreuils à l’orée du bois. Ils paissent paisiblement. Ne m’étant pas fait repérer, je m’avance à quatre pattes dans les herbes hautes pour les observer de plus près. La rosée me saisit les jambes. Je ne suis plus qu’à une vingtaine de mètres d’eux. Comme un petit enfant qui voit pour la première fois de sa vie une bulle de savon, j’apprécie ce moment unique jusqu’à ce qu’ils me repèrent. C’est la débandade. Les parents se mettent à aboyer – oui les chevreuils aboient ! – puis font des bonds en direction de la forêt. Wouah, c’était magique.
Clémence, 29 ans, psychologue, m’a proposé de m’accompagner pour la journée. L’entente est instantanée. Les discussions fusent de toute part. On a quelque chose en commun : la curiosité. Une des qualités que je préfère. Elle m’explique la pleine conscience et m’invite à faire un exercice tout en marchant : « Focalise-toi sur ce que tu entends. Essaye d’identifier les bruits les plus proches, comme les battements de ton cœur, ta respiration, tes pas sur le sol, puis au fur et à mesure, élargis le spectre, jusqu’aux sons les plus lointains. Le but n’est pas d’aller vite, au contraire. Pour chaque son, prends le temps de l’écouter attentivement, et de le séparer de tous les autres. Tu peux faire pareil avec les odeurs, ou les sensations dans ton corps. »
Le temps passe vite, les kilomètres aussi. Nous marchons à une allure défiant toutes mes statistiques précédentes. On mange quinze kilomètres en trois heures, sans faire une seule pause. À midi, nous déjeunons une salade de lentilles-féta qu’elle a concoctée. C’est frais et plein de protéines, ça change des sandwichs pain-fromage dont je me lasse. Face à la mer, nous faisons une mini-sieste avant de repartir pour les dix derniers kilomètres. Passage par le marais de Duer, où du haut d’un perchoir, nous observons principalement des aigrettes garzettes. Il y a même un moustique endémique de la presqu’île de Rhuys, reconnaissable à ses cils épais et à son eye-liner. C’est faux, les moustiques ne se maquillent pas, même si ceux-là en donnent l’impression. En tout cas, ça ne les empêche pas de nous piquer.
Le soir venu, son copain Théo, nous rejoint avec son van aménagé au niveau des marais salants de Lasné. On se pose face à l’île Tascon, qui est joignable uniquement à marée basse. Surprenant d’avoir construit une route dans la mer. Le coucher de soleil est un des plus beaux que j’ai pu voir. J’ai l’impression d’être en Thaïlande avec une lumière particulièrement rouge. À l’horizon, un paludier se reflète sur une eau lisse comme peau de bébé. Quelle joie d’être là et de partager ce moment avec mes deux nouveaux amis. Et dire que les gens pensent que je galère… Certes, cela demande un peu d’effort et de volonté, mais quel bonheur la majorité du temps !






