Mes hôtes me déposent à Bétahon. Il n’y a que dix mètres qui séparent Billiers de la pointe, mais pour ça, il faut traverser l’étier. Les habitants militent depuis quelques années pour qu’une passerelle flottante soit mise en place, mais en vain. Il faut donc faire un détour de 8 km pour arriver de l’autre côté. Au bout d’un quart d’heure, je me rends compte que j’ai oublié mes bâtons chez mes hôtes. Plus tête en l’air n’est pas possible !
Sous un beau ciel bleu, je longe successivement la plage de Bétahon et de Kervoyel. Consonne ! Désolé, j’ai trop regardé Des chiffres et des Lettres étant petit. Je croise beaucoup de monde, c’est jour de vacances. Les familles se prélassent sur la longue plage de Damgan. Je dénote au milieu de tous les maillots de bain et châteaux de sable. Je trace sans m’arrêter jusqu’à la presqu’île de Pénerf. Au loin, la tour des Anglais surveille l’entrée de la rivière. Il est midi et j’ai faim. Je sors le réchaud. Ce sera des nouilles goût « j’en-peux-plus ». J’observe un rameur se mettre à l’eau et traverser la rivière. Je pourrais l’alpaguer pour qu’il me prenne, ça me ferait gagner une journée de marche. Mais j’ai pour projet de dîner à Arzon chez mon ancien patron : quinze ans que je ne l’ai pas vu. Il vient juste de m’envoyer son adresse. Et là, grande surprise : il habite bien à Arzon, mais à la pointe de Bétahon, là où j’ai commencé ce matin… Me voilà reparti en arrière sur dix kilomètres en longeant de nouveau Kervoyel. Consonne ! Pour me donner le moral, j’engloutis un far breton et un kouign-amann. Oui, je mange local. Le retour me permet de voir le sentier sous un autre angle (j’essaye de trouver du positif à cet aller-retour). Le phare de Billiers finit par pointer le bout de son nez. Je récupère mes bâtons auprès de mes hôtes de la veille, avant de dîner royalement chez Philippe. Il vit dans une chaumière, les maisons typiques bretonnes. Il a quitté la ville pour ce coin de paradis. Comme je le comprends, tout est paisible ici. J’apprécie le coucher de soleil en compagnie de lapins qui jouent à cache-cache sur la dune, je suis au paradis.