9h30, réveil tardif au sifflement des oiseaux. Je pose un pansement sur mon ampoule. Hier soir, j’ai eu la terrible idée d’arracher la peau. Résultat : le petit orteil est à vif. Enfiler mes chaussures est insupportable. Chaque pas est une souffrance que le paysage adoucit. J’en prends plein les yeux au barrage d’Arzal. Le ciel est bleu limpide, l’eau étincelante et les fleurs sont lumineuses. Le jaune criard des ajoncs et des genêts m’accompagne depuis le début de ce voyage. Il ressort encore plus quand il fait beau comme aujourd’hui. Je traverse La Vilaine qui ne l’est pas tant, puis longe l’autre versant. Le chemin surplombe une colline et me permet d’apprécier l’étendue du paysage : des bosquets, des champs de colza et des prairies verdoyantes où paissent des vaches laitières. Je respire le grand air. J’atteins en début d’après-midi le phare de Penlan qui veille sur l’entrée de la Vilaine. Ses rayures blanches et rouges me font penser aux marques du sentier. Le soir, j’arrive à Billiers où Nathalie et Pascal, un couple extra, m’offrent le gîte dans une dépendance au fond de leur jardin, et le couvert avec un plat de nouilles aux palourdes pêchées sur la plage par mes hôtes. Y’a pas à dire, c’est meilleur que mes nouilles déshydratées goût Crevette.
Ce sont des Bretons purs souches, c’est-à-dire que dans leur sang coule du beurre salé, et ça depuis de longues générations. La mère de Nathalie (Madame Marchand) était la gardienne du phare de Penlan (ouiii, le phare blanc et rouge que j’ai croisé cet aprèm), et ses grands-parents aussi, et ça remonte comme ça jusqu’aux hommes préhistoriques (à peu près). Nathalie me raconte une nuit exceptionnelle où elle a dû prendre la relève. Une sensation de dominer tout le large. Les étoiles qui scintillent, la vue sur la Vilaine, et la responsabilité de surveiller l’horizon maritime. Depuis la retraite de sa mère en 1995, le phare est automatisé et télécontrôlé à distance. Il n’y a donc plus de gardien de phare à Billiers. La modernité n’a pas que du bon, elle tue de beaux métiers malheureusement.