Malgré une couverture supplémentaire prêtée par Michel, le réveil à cinq heures du matin est glacial. Les cinq degrés ambiants m’empêchent de me rendormir. J’écoute une symphonie improvisée par les oiseaux du coin. Ça siffle, ça chantonne, ça papote gaiement sans se soucier de leur humain de voisin. À 8h, Michel arrive avec un chocolat chaud et une baguette que je dévore, tartinée de beurre salé, obligatoire en Bretagne. Car oui, depuis hier soir, j’ai quitté le Pays Nantais et suis officiellement entré dans le département du Morbihan. Pour m’accueillir, un beau ciel bleu. L’occasion de sortir mon beau short pour la première fois du voyage, chose que je vais regretter, car le thermomètre met du temps à remonter. Après avoir dépassé la pointe Er Vil, je découvre stupéfait la plage de la Mine d’Or. Pas de nains en vue, mais des falaises ocre sur deux kilomètres. C’est une claque visuelle, un émerveillement, un éblouissement. Oui, je suis bel et bien en Bretagne ! Quel plaisir que de prendre mon déjeuner face à la mer et de goûter paisiblement aux premiers vrais rayons de soleil de mon périple.
Alors que je m’écarte du sentier, je tombe sur un rando-pisteur bénévole. Cela fait vingt ans qu’il s’occupe de l’entretien du GR 34 sur le tronçon que je parcours :
- Chaque année, la mer grignote du terrain et des parties du sentier s’effondrent face à l’érosion. Il faut entretenir le chemin, refaire le balisage et vérifier que des accès ne se ferment pas.
Il rajoute :
- Outre la Nature, il arrive que des propriétaires bloquent l’accès. Le Sentier des Douaniers emprunte autant de voies publiques que de terrains privés. Les propriétaires sont dans l’obligation légale de laisser un droit de passage depuis la loi du littoral de 1976. Mais certains n’en ont que faire, et bloquent les accès malgré tout. C’est en partie grâce à des bénévoles de la Fédération Française de Randonnées que les sentiers sont respectés et bien balisés.
- Eh bien, merci pour votre travail !
Je longe l’embouchure du fleuve jusqu’au petit port de Tréhiguier, puis remonte à Camoël. Nathalia, la soixantaine, m’accueille dans sa belle maison au milieu des bois. Nous partageons des valeurs communes, et je me sens tout de suite en confiance. Le feu de cheminée me réchauffe pendant que nous dînons des nouilles aux girolles. Comme tous les soirs, je fais mon petit rituel de soins de mes pieds. Un peu de crème anti-inflammatoire sur le tibia et inspection des orteils. Deux ampoules se sont incrustées sous le pansement. Je perce tout ça et au dodo.